ENDOS DE COUVERTURE

Le Nouveau-Brunswick peut-il se vanter d’avoir ouvert les portes du premier asile en Amérique, en 1832? Au cours du 19ième siècle seulement, cette institution a été agrandie une vingtaine de fois et à chaque fois elle devenait rapidement trop petite. Était-ce positif? Certains diront que oui et que ce n’était qu’un signe de la vision exceptionnelle et du dynamisme des dirigeants qui avaient créé une institution et des services d’avant-garde pour traiter la folie.

Ce livre adopte une autre perspective. Il présente la création et l’évolution des services de santé mentale et de la psychiatrie du point de vue des gens oubliés, étouffés mais qui, petit à petit, se sont mobilisés, révoltés même, afin de créer des services qui répondent à leurs réalités. Depuis 185 ans, ces luttes ont amené des changements profonds dans le réseau de la santé mentale au Nouveau-Brunswick de sorte qu’aujourd’hui plusieurs ne se voient plus comme des consommateurs passifs. Ils ne se laissent plus faire; ils ne sont plus aveugles face à une
psychiatrisation qui étiquette tout ce qui est différent. Ils expriment leurs souffrances; ils revendiquent leurs droits, ils comprennent les enjeux de pouvoir et de savoir qui se cachent derrière les « traitements ».

Dans ce livre fort original, premier du genre au Canada, Nérée St-Amand et Eugène LeBlanc présentent une autre santé mentale, qui remet en question l’histoire officielle. Pour eux, la vraie histoire, c’est celle des gens qui luttent au quotidien pour comprendre leur souffrance, et pour concevoir, ailleurs et autrement, des services humains plutôt que médicaux. Ce volume valorise les exploits des héros des pratiques silencieuses, de ceux et celles qui ont osé et osent encore proposer d’autres façons de traiter les gens. À l’aide de témoignages, ils démontrent que
psychiatriser les gens n’est pas la réponse. Un livre à lire pour comprendre non seulement l’histoire de l’asile, mais aussi les enjeux de la santé mentale.